El Choclo

 

El Choclo

Con este tango que es burlón y compadrito
se ató dos alas la ambición de mi suburbio;
con este tango nació el tango, y como un grito
salió del sórdido barrial buscando el cielo;
conjuro extraño de un amor hecho cadencia
que abrió caminos sin más ley que la esperanza,
mezcla de rabia, de dolor, de fe, de ausencia
llorando en la inocencia de un ritmo juguetón.

Estribillo
Por tu milagro de notas agoreras
nacieron, sin pensarlo, las paicas y las grelas,
luna de charcos, canyengue en las caderas
y un ansia fiera en la manera de querer...
Al evocarte,
tango querido,
siento que tiemblan las baldosas de un bailongo
y oigo el rezongo de mi pasado...
Hoy, que no tengo
más a mi madre,
siento que llega en punta ’e pie para besarme
cuando tu canto nace al son de un bandoneón.

Carancanfunfa se hizo al mar con tu bandera
y en un pernó mezcló a París con Puente Alsina.
Triste compadre del gavión y de la mina
y hasta comadre del bacán y la pebeta.
Por vos shusheta, cana, reo y mishiadura
se hicieron voces al nacer con tu destino…
¡Misa de faldas, querosén, tajo y cuchillo,
que ardió en los conventillos y ardió en mi corazón!

Enrique Santos Discépolo

L’Épi de maïs

Avec ce tango qui est goguenard et voyou
L’ambition de mon faubourg s’est collé deux ailes ;
Avec ce tango-ci est né le tango, et comme un cri
Il a jailli du quartier sordide pour chercher le ciel ;
Étrange sortilège d’un amour devenu rythme
Qui a tracé ses chemins sans autre loi que l’espoir,
Mélange de rage, de douleur, de foi, d'absence,
Pleurant dans l’innocence d’un rythme blagueur.

Refrain
Le miracle de tes notes prophétiques
A engendré sans le vouloir les gonzesses et les greluches,
Lune des flaques, déhanchement provocant,
Et une anxiété féroce dans la façon d’aimer.
Quand je t’évoque,
Tango bien aimé,
Je sens trembler les dalles d’une guinguette
Et j’entends gronder mon passé…
Et ma mère qui
Aujourd’hui m'a quitté,
Je l'entends venir tout doucement m’embrasser
Lorsque ton chant naît au son du bandonéon.

Carambouilleur s’est lancé sur la mer avec ton drapeau,
Et dans un pastis il a mêlé Paris et Puente Alsina.
Tu as été le compère du tombeur et de la minette,
Et même la commère du bourge et de la nana.
Par toi dandy, flics, clodos et dèche
Ont trouvé leurs voix dans l’essor de ton destin.
Messe de jupes, de kérosène et de plaies au couteau,
Qui a brûlé dans les taudis et incendié mon cœur !

Traduction Michel Balmont

 

 

La musique de ce tango fut composée par Ángel Villoldo autour de 1898 ; il la joua pour la première fois en 1903 et lui ajouta des paroles en 1905 : « Il y a des épis de maïs/Dont les grains sont dorés/Et je les adore/D’une tendre passion ». En réalité, El Choclo était le nom d’un petit truand, surnommé ainsi à cause de ses cheveux blonds. Les connotations sexuelles associées à l'épi de maïs (voir l'entrée Choclo dans notre Lexique du lunfardo) ont inspiré une version graveleuse chantée dans les bordels de Buenos Aires et aujourd’hui perdue.
Carlos Marambio Catán créa une nouvelle version des paroles dans les années 30. En 1947 Enrique Santos Discépolo donne à ce tango ses paroles définitives, celles que vous lisez ici.
 
Partition de Don JuanPartition de Don Juan
Partition libre de droits empruntée à Todotango.

 

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