Organito de la tarde Al paso tardo de un pobre viejo puebla de notas el arrabal, con un concierto de vidrios rotos, el organito crepuscular. Dándole vueltas a la manija un hombre rengo marcha detrás, mientras la dura pata de palo marca del tango el compás. En las notas de esa musiquita hay no sé que vaga sensación, que el barrio parece impregnarse todo de emoción. Y es porque son tantos los recuerdos que a su paso despertando vá, que llena las almas con un gran deseo de llorar. Y al triste son de esa canción sigue el organito lerdo como sembrando a su paso más pesar en el recuerdo, más color en su ocaso. Y allá se vá, de su tango al son, como buscando la noche que apagara su canción. Cuentan las viejas que todo lo saben y que el pianito junta a charlar, que aquel viejito tuvo una hija que era la gloria del arrabal. Cuentan que el rengo, que era su novio y que en el corte no tuvo igual… Supo con ella y en las milongas con aquel tango reinar. Pero vino un día un forastero bailarín, buen mozo y peleador, que en una milonga compañera y pierna le quitó. Desde entonces padre y novio van buscando por el arrabal la ingrata muchacha, al compás de aquel tango fatal. José González Castillo, 1924 | Orgue de barbarie du soir
Au pas lent d’un pauvre vieux Il peuple le faubourg de ses notes En un concert de verres brisés, L’orgue de Barbarie crépusculaire. Et, tournant la manivelle, Un unijambiste marche derrière Et sa dure jambe de bois Marque le rythme du tango. Dans les notes de cette petite musique On ressent d’une manière vague Que le quartier semble S’imprégner tout entier d’émotion. Et c’est parce qu’il va réveillant Tant de souvenirs sur son passage Et qu’il remplit les âmes D’un grand désir de pleurer… Et à la triste musique De cette chanson L’orgue de Barbarie avance, lent Comme s’il semait à chaque pas Plus de chagrins dans le souvenir Plus de couleur dans le couchant. Et il part au loin, Au son de son tango Comme cherchant la nuit Qui éteindra sa chanson. Elles racontent, les vieilles qui savent tout Et que le petit piano assemble pour leurs commérages, Que le petit vieux avait une fille Qui était la gloire du faubourg. Elles racontent que le bancal était son fiancé Que sur la piste il n’avait pas son égal… Il sut avec elle et dans les milongas Régner avec ce tango. Mais un jour vint un danseur étranger, Un bandit fort et bagarreur Qui en une seule milonga Lui ôta compagne et jambe. Et depuis le père et le fiancé Vont cherchant par tout le faubourg L’ingrate jeune fille Au rythme de ce tango fatal. Traduction Michel Balmont |