Barrio de tango Un pedazo de barrio, allá en Pompeya, durmiéndose al costado del terraplén. Un farol balanceando en la barrera y el misterio de adiós que siembra el tren. Un ladrido de perros a la luna, el amor escondido en un portón, y los sapos redoblando en la laguna y a lo lejos la voz del bandoneón. Barrio de tango, luna y misterio, calles lejanas, ¡cómo estarán! Viejos amigos que hoy ni recuerdo ¡qué se habrán hecho, dónde estarán! Barrio de tango, qué fue de aquella Juana, la rubia que tanto amé, ¡Sabrá que sufro, pensando en ella, desde la tarde en que la dejé! ¡Barrio de tango, luna y misterio, desde el recuerdo te vuelvo a ver! Un coro de silbidos allá en la esquina. Y el codillo llenando el almacén. Y el dolor de la pálida vecina que ya nunca salió a mirar el tren. Así evoco tus noches, barrio de tango, con las chatas entrando al corralón y la luna chapaleando sobre el fango y a lo lejos la voz del bandoneón. Homero Manzi, 1942 | Faubourg de tango Un morceau de faubourg, là-bas à Pompeya, Somnolant à côté du terrain vague. Une lanterne qui se balance sur la barrière Et le mystère de l’adieu que sème le train. Des chiens qui aboient à la lune, L’amour caché sous un porche, Et les crapauds qui s’excitent dans la mare Et au loin la voix du bandonéon. Faubourg de tango, lune et mystère, Rues lointaines, que devenez-vous ? Vieux amis dont il ne reste plus le souvenir Qu’êtes-vous devenus, où êtes-vous ? Quartier de tango, qui fut celui de cette Jeanne La blonde que j’ai tant aimée ! Elle saura que je souffre, en pensant à elle, Depuis le soir où je l’ai abandonnée ! Faubourg de tango, lune et mystère Depuis la mémoire je reviens te voir ! Un chœur de sifflements là-bas au coin Et le jeu de cartes qui emplit le bistrot. Et la douleur de la pâle voisine Qui n’est plus jamais sortie guetter le train. Ainsi j’évoque tes nuits, faubourg de tango, Avec les charrettes qui rentrent à l’enclos Et la lune barbotant dans la boue Et au loin la voix du bandonéon. Traduction Michel Balmont |