Pendant la première guerre mondiale, quelques Parisiens sont en vacances à Deauville. Ils y côtoient les soldats britanniques blessés envoyés en convalescence à l’arrière. Un journaliste rend compte.
On danse pourtant le tango à Deauville. Mais il faut se lever à cinq heures du matin pour voir cela, en plein air, en plein jour, sur la plage. A cette heure matinale, tout le camp anglais, qui vit sur la colline, descend en costumes de highlanders sur le sable et prend son quotidien bain de mer. La plupart sont des convalescents. Et pour « la réaction », au lieu de boire l’apéritif, ils dansent, entre eux. Et ils dansent quoi ? horror ingens [horreur sans nom] : le tango, le subversif tango joué par le bag-piper de la compagnie. Ah ! sur cette plage normande, dans le petit matin, cet air argentin beuglé par un instrument d’Écosse, devant cinquante couples masculins en peignoirs, ou une serviette jetée sur les épaules… Un pas en avant, deux pas en arrière… C’est le tango, tango de guerre, tango triste, malgré les jeunes figures rieuses de toutes leurs longues dents britanniques !…